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6 Mai 2007, Monsieur Sarkozy président, champagne et flashball symboles démocratiques ?

6 mai 2007. Nicolas Sarkozy est élu Président de la République française avec un peu plus de 53% des voix face à madame Royal. A partir de l’annonce de ces résultats, la France tout entière va être agitée par des heurts plus ou moins violents. A Lille, à Bordeaux, à Toulouse, à Lyon et bien sur, à Paris, des manifestations éclatent pour contester le résultat des élections. Les manifestants, s’ils ne sont pas tous violents, ont en commun un certain nombre de slogans, pour le moins impolis, demandant au candidat nouvellement élu de démissionner.

La question se pose alors : quelle légitimité y a-t-il à demander à ce nouveau président élu par les Français de quitter ses fonctions ? Notre système démocratique prévoit que l’élection se passe d’une certaine manière, pouvons nous donc contester son résultat sous prétexte que celui-ci ne nous convienne pas ? A Lyon, on pouvait lire sur des pancartes « Un président de merde pour un pays de cons » et autres « Je ne suis pas français » sur les pancartes brandies par les manifestants. Quelle crédibilité idéologique ce type d’actions veut il réellement mettre en avant ? Comment, dans un pays civilisé et démocratique comme le notre, cette violence peut elle finir en un affrontement ouvert entre manifestants et militants de l’UMP sur les berges du Rhône où entre plusieurs lancés de pierres un jeune a été passé à tabac puis jeté dans le fleuve. C’est pourtant à monsieur Sarkozy que l’on reproche d’être fasciste et extrémiste.

Au même moment, à Aulnay, des jeunes discutaient des résultats de cette élection et des implications pour le futur. Ces même jeunes ont subit cette nuit là une provocation avérée de la part des policiers présents pour assurer la « paix » dans le quartier. S’il serait facile de leur jeter la pierre, il ne faut pas faire l’erreur de croire que les autorités soient des monstres avides de violences, mais ils doivent sur cette affaire assumer leur comportement, fût il explicable par la rancune ou l’amertume de leur travail sur le terrain, il n’est en aucun cas justifiable. Mais il y a un comportement à saluer ce soir de mai 2007, car suite à cet incident, les jeunes présents n’ont pas voulu répondre par la violence. Ils ont en effet eu un discours à la fois noble et citoyen : « le plus dur commence mais ça va nous pousser à aller voter en juin ». Des mots, sortis de la bouche d’un jeune homme de 21 ans, surprenants de maturité démocratique.

Tous ces faits ont été retranscrits par la presse française de façon assez hétérogène. Il est vrai que ces incidents sont sporadiques et finalement n’impliquent qu’une infime partie de la population, pourtant, ils soulèvent un certain nombre de débats. En effet, il est du devoir de chacun de défendre les valeurs humanistes et démocratiques de notre pays, valeurs qui sont souvent remises en cause chez monsieur Sarkozy, à savoir si c’est à tord ou à raison est une autre question. Il est facile de se laisser entraîner dans des courants idéologiques sans connaître toutes les cartes, c’est sûrement l’erreur que font beaucoup des électeurs, à droite comme à gauche. Dépassés par des discours qui manquent souvent de clarté, les images que veulent afficher les candidats sont souvent à des lieues de leurs caractères réels. Derrière ces plans de communication tirés à quatre épingles, le programme lui-même aura souvent porté à confusion. Les Français ont souvent été égarés par la quantité d’information véhiculée par les médias. N’est il pas paradoxal qu’une grosse partie de l’électorat de madame Royal soit anti-Sarko et qu’un nombre équivalent d’électeurs de droite aient élu monsieur Sarkozy pour ne pas voir la candidate au pouvoir ? Votons nous pour élire un président ou pour éliminer un candidat ?

Les différents groupes politiques et les médias devraient prendre toute leur responsabilité dans leurs discours et leur attitude vis-à-vis de ce qui s’est passé au cours de cette nuit. Il est triste de voir que la lutte pour la démocratie poursuivie par un certain nombre de personnes avec des valeurs et un discours positif soit mélangé avec celui de casseurs et de vandales qui ont trouvé dans cette élection prétexte à la violence. A force de jouer sur les mots et sur le sens des discours comme on le fait, on a tendance à jouer avec une subtilité dangereuse. A mélanger « la racaille » que le candidat élu veut passer au « karcher » avec la jeunesse des banlieues, à mélanger des jeunes manifestants contre monsieur Sarkozy en opposant des valeurs à une idéologie discutée avec des délinquants violents, agressifs et irrespectueux d’autrui, nous créons des amalgames qui vont souvent dans cette attitude de vote « anti ». Nous devrions prendre nos responsabilités en clarifiant nos discours politiques afin de s’attaquer aux problèmes dans une poursuite de l’avancement et non pas pour atteindre des objectifs électoraux.