samedi 30 mai 2009

Obama s’exprime franchement face à Israël

Le président américain s’est officiellement déclaré pour la création d’un Etat palestinien et pour l’arrêt de l’expansion des colonies israéliennes. Une position qui a surpris le monde entier tellement il est rare qu’un dirigeant des Etats-Unis ne s’oppose officiellement à son allié de très longue date.

L’année 2009 s’est déjà caractérisée par de nombreux coups durs pour une éventuelle paix entre Israéliens et Palestiniens. L’opération Plomb Durci du mois de janvier a ajouté à la souffrance déjà importante des civils un poids supplémentaire sans pour autant détruire le Hamas. Nombreux sont les observateurs à se demander si ces attaques, souvent perçues comme injuste et démesurées, n’ont pas augmenté le soutien du peuple à ce groupe terroriste.

L’élection d’un gouvernement dur par les Israéliens montre que cette lutte extrémise également le peuple juif. Tout le monde craint son voisin sans pour autant souhaiter la guerre, qui n’est recherchée que par quelques minorités violentes.

Israël a toujours été géographiquement isolé au milieu de pays majoritairement hostiles et a toujours protégé son territoire en usant habilement de son armée plus que de diplomatie. C’est de cette manière que l’Egypte et la Jordanie ont été neutralisées et que la Syrie a été en partie maîtrisée. Ce dernier pays et l’Iran sont cependant restés dangereux du fait de leur soutien plus ou moins officiel au Hezbollah et au Hamas.

Les Etats-Unis et Israël sont des alliés de longue date. Le géant américain a souvent choisit de taire ses oppositions en public afin de préserver la situation déjà compliquée du petit Etat juif. Désapprouver la politique du gouvernement israélien pourrait être la porte ouverte aux interprétations de ses ennemis qui y verraient un signe de désaveu.

Barack Obama a pourtant choisit d’exprimer deux idées officiellement, deux idées qui sont en opposition avec les dernières décisions de Benyamin Netanyahou. S’agit-il là d’une franche contradiction ou d’un abandon de son allié ? Certainement pas. Le nouveau président américain souhaite seulement pousser son partenaire à essayer de nouveaux outils pour détendre l’atmosphère dans la région.

La planification de la création d’un Etat palestinien et l’arrêt de la colonisation seraient deux signes forts. Ils s’adresseraient d’une part aux pays arabes modérés qui s’opposent actuellement à Israël mais qui souhaitent trouver une solution. Cela isolerait les pays les plus agressifs. Ce serait également un geste pour la population, notamment celle de la bande de Gaza.

Les Gazaouis risquent d’être difficiles à gagner à la cause d’Israël. S’il est évident qu’ils souhaitent la paix plus que tout et aspirent à vivre enfin leurs vies, l’accumulation des souffrances et des rancunes ne disparaitra pas du jour au lendemain. La décision du président américain n’est cependant pas sans rappeler les objectifs des dernières opérations israéliennes : gagner le cœur des habitants et les pousser à se détourner du Hamas. Est-il moins judicieux de poursuivre ce but par une politique diplomatique plutôt que par des méthodes agressives ?

Obama semble vouloir tenter le coup. Cela ne sera cependant pas facile. Convaincre l’actuel chef du gouvernement israélien ne sera pas une mince affaire. Si tant est que celui-ci acceptait, ce ne serait pas la première fois qu’Israël accepte d’endiguer les colonies. Nous risquerions de voir de nouvelles interventions de l’armée se confrontant aux ultra-orthodoxes.

La région restera quoi qu’il arrive une poudrière pour un long moment. L’avenir proche nous dira cependant si Netanyahou accepte d’essayer la politique de main tendue qu’Obama souhaite le voir essayer.

Illustration : Françoise Bessières

mercredi 27 mai 2009

Manchester United anéanti par la première ligne du Barça

Cette finale de Champion’s League promettait un spectacle mémorable entre deux équipes d’un grand talent. Si le FC Barcelone a su relever le défi, Manchester United a offert un jeu décevant qui les mènera à une défaite. Le Barça remporte la coupe sur le score de 2-0.

Ce devait être un grand match. La finale de la Ligue des Champions opposait ce soir le numéro 1 de la Premier League anglaise, Manchester United aux champions d’Espagne, le FC Barcelone. Ce sont quelques uns des plus grands joueurs du football mondial qui se affrontés ce soir. Si l’équipe du jeune entraîneur espagnol Josep Sala Guardiola a fait honneur, les Red Devils, tout de blanc vétu, n’ont pas su saisir leur chance.

Les premières minutes du match laissaient pourtant présager le contraire. La pression anglaise est forte et attaque à plusieurs reprises sur le côté gauche. Les Espagnols peinent à suivre le rythme. Ronaldo ouvre les hostilités dés la première minute avec un tir sur coup franc magnifique arrêté de justesse par Valdes. Il réitère à la huitième minute.

La roue tourne à la 10ème minute. Eto’o arrive tel une flèche et récupère une balle servie par Iniesta. Le coup fulgurant échappe à Vidic et à Van der Sar, pris de vitesse. L’attaquant camerounais fond en larmes après avoir posé cette première pierre à l’édifice.

Le jeu se resserre ensuite. Si ce premier but a un impact psychologique certain, les Anglais refusent de relâcher leur effort. Pique prendra un carton jaune à la 15ème minute pour avoir stoppé Ronaldo en pleine course à quelques mètres de la surface. A la 19ème minute, Messi reprend l’offensive pour le Barça avec un magnifique tir, raté. C’est alors Park qui attaque pour Manchester et qui sera contré par le gardien anglais.

A partir de la 25ème minute, le rythme ralenti. Les deux équipes s’économisent et les occasions sont peu nombreuses. Les Espagnols jouent sur la vitesse et la mobilité pour éviter toute confrontation avec les joueurs anglais, plus physiques. La frustration est palpable et les Anglais se contenteront d’empêcher les Espagnols de concrétiser. Dans les 3 dernières minutes, le FC Barcelone reprend l’offensive pour achever de marquer sa domination sur cette première mi-temps qui se terminera sur un 1-0.

Les Anglais souffrent pendant la deuxième mi-temps

La ligne avant du FC Barcelone offre un véritable festival de tirs cadrés dés le coup de sifflet de la deuxième mi-temps. A la 48ème minute, c’est Henry qui manque une belle occasion, il pénètre la surface anglaise mais perd trop de temps en tentant de feinter un tir du pied gauche qui le met trop en difficulté. Une minute plus tard, Eto’o échoue à son tour. Aussitôt, c’est Messi qui approche dangereusement les cages adverses. Il sera physiquement gêné mais l’arbitre ne voit pas la faute. A la 52ème minute, faute de Tevez sur Iniesta, à quelques centimètres de la surface. C’est Xavi qui la tire et percute le poteau gauche.

Les Espagnols sont incroyablement offensifs et manque de chance pour concrétiser leur avantage jusqu’à une erreur de trop de la part d’Evra qui perd la balle au profit de Xavi. Ce dernier ne ratera pas une deuxième fois sa chance et sert en hauteur pour Messi qui marque le deuxième but. C’est l’incompréhension entre Vidic et Van der Sar qui laissent passer la balle sans résister.

Barcelone repasse sur une formation légèrement plus défensive, Keita remplaçant Henri. Les Anglais, dépassés et frustrés vont alors multiplier les erreurs et offrir un spectacle déplorable. Ils multiplient les fautes. En quelques minutes, Ronaldo, Scholes et Vidic écoperont chacun d’un carton jaune. Le match s’essoufle, les Anglais perdent espoir mais les Espagnols ne chercheront pas particulièrement le troisième but.

La consécration du Barça

Incroyable performance pour cette équipe qui réalise la triplette légendaire : Coupe du Roi, champions d’Espagne et maintenant Coupe de la Ligue. Les derniers à avoir réussit un tel exploit était les Mancuniens en 1999.

Les Espagnols ont su triompher du manque de réalisme et de la trop grande assurance des Anglais. La première ligne a exploité chaque erreur de ces derniers pour concrétiser malgré un manque de chance certain leur supériorité au cours de ce match.

Si Rooney et Park n’ont pas bénéficié de suffisamment d’occasions ni de soutien de la part de leurs camarades, deux joueurs Espagnols se sont clairement démarqués au cours de ce match. Iniesta a magnifiquement organisé le jeu de son équipe tandis que l’Argentin Lionel Messi déborde d’énergie et d’audace, jouant l’un de ses plus beaux matchs.

Illustration : Françoise Bessières

La grève aussi est un secteur en crise

Après trois importantes journées de grève depuis le début de l’année, les syndicats souhaitaient marquer l’unification des salariés de toute la France. Peu de succès pour cette journée du 26 mai caractérisée par une faible mobilisation.

Dans la majeure partie des grandes villes de France, les manifestations ont été moins suivies que prévu. Il n’y a qu’à Toulouse que l’effectif a été conséquent. Dans Paris, plutôt qu’un mouvement général, les grévistes ont organisé des actions ponctuelles et localisées un petit peu partout. Barrages filtrants devant des grands magasins ou barbecue improvisés en pleine rue.

La régularité des manifestations semble essoufler le mouvement. L’investissement que doivent faire les individus pour participer à une grève est en effet important : perte d’une journée de salaire, fatigue physique et morale, coût que peu impliquer le déplacement jusqu’au lieu de la manifestation et risque de perdre son emploi même si normalement le droit de grève protège les employés.

Pour les salariés, deux réactions se démarquent pour ceux qui ne croient plus en la journée de grève interprofessionnelle. Certains n’y croient plus et commencent à douter de la lisibilité de leurs revendications. Ils s’interrogent sur le but recherché des syndicats qui pourraient rechercher une lutte sur la durée sans avoir forcément intérêt à trouver une solution à cours terme. Pour les d’autres, il est temps de passer à l’étape suivante et d’entamer une phase plus forte de mouvement social grâce à des grèves reconductibles.

Le gouvernement est tenu en échec

Le gouvernement peine à trouver des solutions efficaces aux conséquences des crises économique et financière. Confrontés à la baisse générale de la quasi-totalité des indicateurs économiques et au nombre croissant de déroutes de la part des sociétés, le président et les différents ministres ne réussissent pas à trouver de mesures permettant de protéger les Français dans l’immédiat.

Force est de constater le décalage entre les propositions officielles et les attentes de l’électorat qui se positionnent sur des plans chronologiques totalement différents. L’Elysée poursuit un rétablissement du pays à moyen et long terme, guettant un redressement de la croissance tandis que le travailleur espère pouvoir travailler le mois suivant et nourrir son foyer demain.

Le plan social finalement annoncé par Dunlop-Goodyear détruisant 817 emplois est un coup dur de plus pour la situation de l’emploi dans l’hexagone. Il semble démontrer l’impuissance de l’Etat à sauver l’industrie qui continue de survivre difficilement à la conjoncture actuelle. Certains analystes prévoient une sortie de crise douloureuse pour des sociétés exsangues. L’UNEDIC elle a annoncé une augmentation de 639 000 chômeurs pour l’année 2009 avec 591 000 emplois détruits.

Le gouvernement attend toujours un retour à une croissance positive pour l’horizon 2010, évaluant que la France est actuellement au stade le plus difficile. Les syndicats eux contredisent l’optimiste ministre de l’économie et des finances en annonçant des chiffres du chômage dramatiques dépassant très largement la barre des 10%.

Illustration : Françoise Bessières

dimanche 24 mai 2009

Chamakh vise la fin idéale chez les Girondins

Parcours sans fautes pour les Girondins de Bordeaux. Le match de samedi contre Monaco a été difficile mais l’équipe de Laurent Blanc n’a pas cédé de terrain aux Marseillais. Bien partis pour remporter la coupe de la Ligue, les Bordelais apprennent cependant la mauvaise nouvelle : Marouane Chamakh souhaite quitter le club.

Cette saison aura été forte en émotion pour les supporters de Ligue 1. Pour la première fois depuis 7 ans, l’Olympique Lyonnais se voit détroner. Plus qu’une simple défection de l’OL, c’est une véritable bataille dans laquelle s’affronte quatre clubs sur les dernières journées du championnat. La lutte est serrée entre les Lyonnais, l’Olympique Marseille, les Girondins de Bordeaux et le Paris-Saint-Germain. Chaque match de l’un de ces clubs devient un véritable challenge impliquant de véritables conséquences.

Finalement, seuls les Girondins et les Marseillais sont encore en lice. Jusqu’à cette 37ème journée de Ligue1, les supporters de ces deux clubs frissonnaient encore en espérant. Bordeaux l’a cependant emporté face à Monaco et malgré une victoire de l’OM contre Nancy, il ne leur reste plus qu’une petite marche à franchir pour triompher.

L’AS Monaco s’est pourtant bien défendu. Le match a été difficile pour les Girondins qui ont souffert de la chaleur et de la fatigue psychologique qu’entraine cette saison palpitante. Pino entame l’offensive pour Monaco en frôlant le poteau dés la 3ème minute puis met le gardien Ulrich Ramé en difficulté en forçant un superbe arrêt à la 29ème minute. C’est finalement Bordeaux qui ouvre la marque à la 35ème minute. Chamack marque pour la neuvième fois de la tête sur un service en corner de Gourcuff. Les Bordelais se font très offensifs le reste du match et multiplient les tentatives. Monaco relève la tête et manque une superbe occasion à la 82ème minute avec un tir de Park arrêté par Ramé.

Bordeaux enregistre une dixième victoire consécutive. Laurent Blanc est fier de voir l’équipe s’inscrire ainsi dans l’histoire. Le club doit à présent obtenir au moins un nul face à Caen samedi prochain pour vaincre définitivement. Les Marseillais espèrent malgré tout un coup du destin même s’ils jouent un match plus difficile contre Rennes.

Chamakh en profite pour annoncer son départ

L’attaquant Franco-Marocain profite de cette victoire presque assurée pour annoncer qu’il souhaite quitter le club. Joueur clef des Girondins depuis 2004, c’est un coup dur pour cette équipe qui avait déjà repoussé plusieurs offres de Lyon ou Stuttgart.

Après ce superbe match et le but de la victoire contre Monaco, les supporters pourront difficilement reprocher à Chamakh de vouloir du changement, même si c’est une grosse perte pour Bordeaux. Le jeune butteur a avoué avoir déjà plusieurs offres intéressantes même si lui, ambitieux, souhaite approcher la Premier League anglaise et profiter de ce prestigieux et bien doté championnat.

L’école de la Ligue 1 risque donc d’offrir encore un joueur de qualité aux tournois de nos voisins qui savent récupérer les étoiles montantes du football français. Les clubs Français peuvent difficilement lutter avec la différence de moyens qui l’oppose aux équipes britanniques, véritables bulldozers du football international.


Illustration : Françoise Bessières d’après une photo de Nicolas Tucat

samedi 23 mai 2009

La police intervient pour deux enfants voleurs de vélos

L’opinion publique est scandalisée par l’interpellation de deux enfants mardi 18 mai. Dans leur école de Floirac en Gironde, les deux petits âgés de 6 et 10 ans ont été arrêtés vers 16 heures 30 par deux équipes de policiers totalisant six agents. La mère d’autres élèves prétendait les avoir vu sur des vélos volés. Les deux garçons passeront deux heures au poste avant que leur mère ne puisse les ramener. Les vélos étaient apparemment bien les leurs.

C’est un véritable scandale qui a déjà fait couler beaucoup d’encre. Les syndicats d’enseignants remarquent l’escalade des mesures policières qui peuvent être manifestées dans l’enceinte de l’école. Les politiques des différents partis dénoncent ce déploiement de force comme une véritable bavure. Les parents s’interrogent sur la légitimité et les conséquences d’une telle mesure.

Aïcha Ouachim relève la violence de la scène qu’ont vécue ses deux enfants. Le plus petit serrait choqué et n’oserait plus retourner à l’école. Vendredi, la ministre de l’Intérieur, Michelle Alliot-Marie l’a rejointe en estimant que l’on ne pouvait pas traiter des enfants comme des adultes.

Selon la hiérarchie des policiers étant intervenus, la procédure a bien été respectée. Les agents ont agi avec discernement et mesure en restant à l’écart et en attendant que les enfants ne soient pas trop exposés aux regards de leurs camarades. Il n’y a donc pas de bavure.

Du côté des textes de loi, la réponse n’est pas évidente. Normalement, des enfants de moins de 10 ans ne peuvent pas être interpellés et des jeunes de 10 à 13 ans ne peuvent être arrêtés qu’à titre exceptionnel pour une durée maximale de douze heures et avec l’accord préalable d’un magistrat spécialisé. Il existe cependant nombre circulaires et ordonnances complétant cette loi et offrant des subtilités qui justifient cette intervention.

La police ne sait plus comment gérer les mineurs

Cette arrestation a lieu dans une période pourtant riche en drames survenus dans l’enceinte scolaire. Quelques jours plus tôt, une enseignante était poignardée en classe par un élève de 13 ans. Le nombre d’agressions et l’augmentation de la violence dans le monde éducatif n’est pas négligeable. Les policiers doivent arriver à discerner si l’enfant contrevenant est un bambin responsable d’une bêtise que l’on peut gentiment rappeler à l’ordre devant ses parents ou un jeune délinquant en déperdition.

L’incident reste cependant maladroit dans une ville de banlieue calme qui ne semble pas être le théâtre d’importants problèmes de jeunesse. L’erreur est d’autant plus déplorable que les deux enfants sont visiblement innocents et se retrouvent donc être les double-victimes de la dénonciation hâtive d’une mère et de l’intervention de la police.

Les réactions du public montrent enfin que le plan de sécurité que Xavier Darcos souhaite mettre en place dans les écoles ne convient pas aux Français. Le ministre de l’Education Nationale proposait en effet cette semaine d’installer des portiques de sécurité à l’entrée des écoles et d’organiser une force mobile de police spécialisée. La recherche d’une « école sanctuaire » devra se faire par d’autres moyens et M. Darcos va devoir chercher d’autres solutions.

Illustration : Françoise Bessières

vendredi 1 mai 2009

EDF-GDF, un conflit qui s’enlise

Le mouvement de grogne des agents des deux compagnies énergétiques françaises dure maintenant depuis cinq semaines. Le dialogue semble être rompu entre la direction qui refuse de faire plus d’efforts et les salariés qui se disent prêts à aller jusqu’au bout.

Le mouvement social qui secoue les fournisseurs d’électricité et de gaz depuis un mois et demi est représentatif du climat de l’hexagone en ce moment. L’explosion du nombre de manifestations de plus en plus extrêmes et les difficultés économiques ont eu raison de la patience des employés. Ils exigent une revalorisation de leurs salaires à hauteur de 5% ainsi qu’une prime de 1500 euros. Autre revendication importante, les agents demandent à leur direction de cesser les externalisations et le sous traitement. Ils craignent d’y voir un signe annonciateur d’un service public agonisant.

Principal moyen de pression pour les manifestants, l’approvisionnement énergétique est victime de nombreuses attaques depuis le début de cette grève. Des coupures d’électricité ou de gaz ont eu lieu partout en France, touchant plus sévèrement les régions Nord et Ile de France. L’objectif poursuivi était d’arrêter l’alimentation de sites symboliques, bâtiments publics, locaux de partis politiques, logements d’élus ou zones industrielles. Pour de multiples raisons, négligences, pertes de contrôle des actions ou malveillances, les victimes collatérales ont été multipliées. Des quartiers d’habitations, des commerces, des entreprises ont ainsi été touchés. Exemple le plus grave de ces accidents, l’hôpital de Douai a été privé d’électricité pendant 45 minutes.

Pour les manifestants, ce type d’actions est hélas le seul moyen de se faire entendre de la direction et des politiques. Leur souhait n’est pas de nuire à la population mais ils n’ont trouvé aucun autre moyen de pression pour faire entendre leurs revendications. Comme pour les mouvements sociaux d’autres services publics, le message est plus ou moins bien perçu par les Français. Certains comprennent et respectent le combat des salariés de l’énergie tandis que d’autres reprochent la méthode, terriblement pénalisante pour les entreprises qui traversent également une période économique et sociale difficile.

En réponse à cette radicalisation de la grève, la direction a décidé de couper les négociations, refusant de discuter sous la menace d’actions de « sabotage ». Après avoir accepté la revalorisation des salaires à hauteur de 0,3%, les dirigeants des deux compagnies ont fait l’impasse sur les autres revendications. A présent, ils lancent des mesures disciplinaires et judiciaires à l’encontre d’agents ayant pris part à des coupures d’énergie.

Plusieurs employés ont ainsi été convoqués au court de la semaine. Leurs collègues ont ainsi mis en place une nouvelle action sociale : après la séquestration des patrons, la séquestration des syndicalistes. Les agents accusés ont ainsi été retenus par les autres militants qui ont estimé que quelques individus ne devaient pas avoir à assumer des actions collectives. Certaines plaintes de la direction ont ainsi été annulées afin d’éviter d’entretenir les tensions.

Les dirigeants rappellent qu’il n’est pas possible actuellement d’accéder à toutes les demandes des salariés. EDF et GDF souffrent comme d’autres secteurs de la crise économique, en particulier du fait des baisses d’activité et donc de consommation énergétique des grosses industries. La tempête Klaus a également mis en difficulté les deux groupes avec un coût estimé à environ 300 millions d’euros.

C’est pourtant bien une question de salaires qui est à l’origine de l’explosion de colère des agents lorsqu’ils ont appris les salaires de leurs dirigeants dans la presse. Pierre Gadonneix, PDG d’EDF aurait ainsi vu son salaire passer de 760 000 à 900 000 euros en même temps que celui de Jean-François Cirelli, vice-président de GDF-Suez grimpait en flèche de 460 000 à 1 300 000 euros.




Illustration : Françoise Bessières.