samedi 8 novembre 2008

Nouvelle crise des missiles entre la Russie et les Etats-Unis.

Le monde a tremblé en octobre 1962. L’Union Soviétique installait alors plusieurs sites de lancements de fusées disposant d’ogives nucléaires. Au bord d’un conflit d’une envergure encore jamais vue, les Etats-Unis et le gouvernement du bloc communiste ont du commencer à s’entendre et à renouer le dialogue afin d’éviter une terrible catastrophe. Aujourd’hui, l’Union Soviétique n’est plus mais les tensions demeurent. Le 5 novembre, en marge de l’élection du nouveau président des Etats-Unis d’Amérique, Dmitri Medvedev déclarait que la Russie allait entreprendre la construction d’un site de bouclier anti-missile dans l’enclave de Kalingrad.


Les relations entre les Etats-Unis et la Russie semblent être une fois de plus critiques. Après plusieurs années de débats houleux sur l’installation d’un troisième bouclier anti-missile sur le sol européen par l’armée américaine, Vladimir Poutine avait déjà haussé le ton. Sous couvert d’un protection contre la menace iranienne, cette structure relève également d’un symbole de méfiance fort à l’égard de l’ennemi d’hier. L’élection de Barack Obama ne devrait pas améliorer les choses. Le candidat fraîchement élu a en effet pris une position froide en ce qui concerne le dossier russe. Monsieur Medvedev a bien compris le message et le lui rend bien. Il a été l’un des derniers à féliciter le nouveau président, félicitations accompagnées de cette nouvelle.


Ce projet militaire est doté de deux composantes. La première consiste en l’installation d’un système de brouillage électronique et radar qui serait dirigé en direction des éventuelles constructions américaines. La deuxième comporte un site de lancement de missiles d’interception de type Iskander. La portée de ces armes pourrait atteindre 500km et ainsi aller jusqu’en Allemagne. Cette idée avait déjà été proposée par l’ancien ministre de la défense Sergueï Ivanov qui voyait là une réponse concrète à l’insistance du gouvernement Bush d’installer ses propres sites en Europe. Le président Medvedev a finalement choisi un discours dur, rejetant la responsabilité de cette escalade de l’armement sur les Etats-Unis, au même titre que la crise financière. La faute à une conduite « égoïste » et des prises de décisions « unilatérales ».


Cette décision des Russes a laissé la majorité des Etats européens dans l’incompréhension. L’Allemagne estime que M. Medvedev a mal choisit son moment pour durcir le dialogue. La Lituanie trouve « incompréhensible » la stratégie russe. Donal Tusk qualifie ce positionnement de « sans intérêt ». Les Européens ne savent comment accueillir cette nouvelle. Dmitri Medvedev a travaillé depuis son élection en mai 2007 à mettre en place une politique de sécurité européenne pour tous les pays or ces deux projets sont incompatibles. Il ruinerait ainsi de nombreux efforts dans un sens positif.


Il convient de se demander quel objectif poursuit le gouvernement Russe avec cette annonce. S’agît-il d’une manœuvre pour tester la force de Barack Obama, une tentative d’intimidation ou d’une manière de mesurer la patience du voisin européen. La Russie met la patience des diplomates de l’Union à rude épreuve depuis le mois d’août. Invasion de la Georgie, reconnaissance de l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud et refus de retirer les troupes de ces deux régions ont constitué pour la diplomatie européenne un véritable défi. La politique de Medvedev semble consister en un rapport de force avec les anciens membres du bloc de l’ouest. Il affirme par ses choix diplomatiques, économiques et politiques que la Russie est de nouveau un acteur sur lequel il faut compter et qui a toute sa place dans les décisions internationales.


Dmitri Medvedev laisse malgré tout une ouverture en invitant le nouveau gouvernement américain à construire avec la Russie un « nouveau dialogue constructif sur la base de la confiance et de la prise en compte des intérêts de chacun ». Par ce message, le président russe souligne une fois encore la symbolique de méfiance qu’implique la construction des boucliers antimissiles en Europe et l’unilatéralité des décisions américaines.


En réponse, le président Bush a proposé de rouvrir le débat mais sans jamais remettre en question la construction de ces sites. Pour réinstaurer la confiance, il offre de mettre en place une politique de transparence en laissant un libre accès aux autorités russes à ces installations.




mardi 4 novembre 2008

Etats Unis 2008 : une notion de démocratie à l’africaine.

Les Etats Unis d’Amérique ont souvent été vus comme la nation protectrice de la notion de démocratie. George Bush, l’actuel président, a d’ailleurs utilisé cette image comme leitmotiv afin de soutenir ses manœuvres en politique étrangère, à l’intention de l’Irak, de l’Afghanistan, du Pakistan, de la Corée du Sud et de bien d’autres. Pourtant, l’exemple des descendants de George Washington est il si loin de celui des derniers de la classe, ces pays si lointains que sont les jeunes démocraties africaines ?

L’Afrique, suite à l’indépendance de ses différents Etats, a subit une longue période de transformation. Longtemps pilotes de ces changements, les pays occidentaux ont essayé de modeler leurs anciennes colonies sur leur propre modèle. La démocratie devait être la solution. Souvent, sous couvert de conflits ethniques, ce mode de gouvernement a peiné à trouver ses marques. Que ce soit en Côte d’Ivoire où les politiciens ont longtemps hésité devant la notion de pluralisme, au Congo où les « perdants » ne savent pas se positionner en opposants ou au Nigeria où les dirigeants se sont servis du scrutin universel pour justifier l’application de la charia. Certains analystes estiment que cette difficulté à adopter le processus démocratique et ses valeurs découle de l’histoire et de la culture africaines, qui ont souvent utilisé le clan voir l’ethnie comme institution décisionnelle. Il peut être difficile d’opter pour ces choix que son le pluralisme politique, l’opposition ou le respect du droit à la décision des citoyens sans être passé par les étapes historiques qui ont fait que ces notions sont devenues la norme dans nos pays.

Pourtant, l’élection américaine est le moment idéal pour se demander si nous sommes effectivement beaucoup plus avancé que nos voisins africains quand à l’application de la démocratie. Les électeurs de l’Occident, que ce soit aux Etats Unis ou en Europe, optent de plus en plus pour un candidat ou un autre en se basant sur leur identité, leur caractère, plutôt que sur leur programme politique. Ainsi, depuis plusieurs mois, Obama et McCain s’opposent sur le terrain de l’image plus souvent que sur celui des idées. Il est parfois même utile de se demander jusqu’où peuvent aller les différences entre ces deux personnages lorsque le premier évite les sujets qui pourraient fâcher son électorat en évitant de trop se prononcer sur certaines questions comme l’avortement ou les armes à feu. Quand à McCain, que dire de ce candidat que tous s’accordent à définir comme le plus démocrate des Républicains ? Alors le débat se maintient sur des questions plus terre à terre : la couleur de peau du président est elle un symbole d’ouverture dans l’esprit d’une nation ? le candidat d’un parti doit il assumer les échecs de son prédécesseur ? le prénom d’un président a-t-il une signification en politique étrangère ?

Les campagnes touchent à leur fin. Outre le débat politique et idéologique qui a souvent été biaisé, c’est toute l’intégrité morale, des républicains au moins, qui peut soulever des questions. Plus l’échéance approche et plus ils sont nombreux à fuir les rangs pour rallier Obama. Les modérés comme Colin Powel qui fût l’un des acteurs majeurs de l’invasion de l’Irak. Les puristes comme Kenneth Adelman qui est un proche de Donald Rumsfield. C’est aussi ca l’ « ouverture », celle qui a si bien réussit au gouvernement français. Mais ne s’agit il pas plutôt d’un opportunisme des plus pragmatiques ?

Ainsi certains sénateurs républicains comme Gordon Smith dans l’Oregon ou Christopher Shays dans le Connecticut, qui surfent sur l’Obamania pour attirer les électeurs ne sont pas sans rappeler ces vaincus électoraux ivoiriens qui rejoignaient le parti au pouvoir plutôt que de risquer de ne pas faire partie des élus. Chacun d’entre eux a ses propres arguments. Certains sont déçus par la campagne chaotique de McCain, d’autres par le choix de Sarah Palin comme co-listière. Le bilan Bush junior n’a pas non plus aidé les Républicains à maintenir une identité politique forte. Mais que doit-on voir dans tous ces éléments qui quittent le navire ? Est-il en train de couler ?