mercredi 26 décembre 2007

Enfin un gouvernement pour la Belgique.

Le moment est peut être enfin arrivé pour la Belgique d’avoir son gouvernement. Le 18 décembre, Monsieur Verhofstadt qui était jusque là chargé d’affaires courantes va prendre la tête d’une équipe de ministre dont la tâche la plus ardue sera de mettre en place une réforme des institutions. Les membres de ce gouvernement, s’ils sont en majorité francophones, ont des positions politiques assez radicales. Ils ont jusque mars 2008 pour trouver une solution à la crise qui secoue la Belgique. Après cela, Yves Leterme, qui avait renoncé à fonder une équipe gouvernementale le premier décembre, prendra sa place de premier ministre.

Difficile de se prononcer quand aux débouchés qu’auront les nouveaux dirigeants de ce petit pays. En effet, la radicalisation des nationalistes néerlandophones de ces derniers mois à augmenter la taille du gouffre qui séparait les deux communautés. Le pays est aujourd’hui scindé en deux, à la manière de l’Allemagne d’après guerre et la capitale, Bruxelles, de part son morcellement, voit renaître les difficultés du vieux Berlin ou de Jérusalem. En effet, les Flamands se sont lancés dans une véritable croisade et à leur tête, des radicaux toujours plus nombreux militent par tous les moyens : obligation de parler néerlandais dans les écoles de Flandre, manifestations pendant des assemblées municipales et autres traçage de frontière à la peinture blanche sur les routes du pays.

Face à eux, la défense s’organise. De simples citoyens comme Marie-Claire Houart, fonctionnaire liégeoise, tentent de sauver leur pays. Sa pétition réunissait déjà plus de 140 000 signatures en novembre alors que plusieurs dizaines de milliers de personnes manifestaient. Les grands partis politiques non plus n’ont pas intérêt à voir leur patrie s’effondrer, cela risquerait de remettre beaucoup trop de choses en question. Le poids diplomatique de la Belgique est déjà sérieusement entaché par ce débat qui parait irréaliste pour le reste du monde.

Les rancunes remontent pourtant loin dans le temps. La Belgique est un pays qui a beaucoup souffert au cours des siècles. Ces terres ont été successivement occupées par la Hollande, l’Autriche, la France et a été colonisé par l’Espagne. Aujourd’hui encore, son identité nationale semble devoir se dissoudre dans son existence européenne. Mais si le mixage culturel échoue pour la Belgique seule, comment pourrait il réussir pour l’Europe dans sa totalité ?

Lorsque la Belgique a été fondée, en 1830, ce devait être une petite royauté dirigée par Léopold 1er, un duc allemand. Son rôle était simple, servir d’état tampon entre les grandes puissances de l’Europe du dix neuvième siècle. Le Français devint alors la langue officielle, celle de l’aristocratie et de la noblesse tandis que les petites gens, Flamands et agriculteurs, parlaient divers dialectes. Près de deux siècles plus tard, les rôles sont inversés. La Flandre s’est enrichie grâce à un libéralisme moderne tandis que la Wallonie stagne économiquement.

Dans l’imaginaire de beaucoup de Belges, le Wallon est devenu un être feignant qui vit sur le dos de la société tandis que le Flamand se tue à la tâche. Si la réalité socio-économique est autrement plus complexe que cette analyse simpliste, le mal est fait et les esprits restent imprégnés de cette image. Il est cependant vrai que de nombreux Wallons ne font pas l’effort d’apprendre la langue de leurs compatriotes. Miss Belgique 2007 s’est ainsi attirée les huées des spectateurs flamands lorsqu’elle n’a réussit qu’à bredouiller quelques mots de néerlandais. La langue n’est plus qu’un prétexte pour laisser s’exprimer les rancunes séculaires.

Les Belges sentent venir cette lutte sécessionniste depuis des années. En décembre 2006, l’émission Strip Tease, connue pour ses provocations, annonçait en direct la scission du pays. Le monde entier y avait alors cru tant la mise en scène était réaliste. Le gouvernement s’était alors fâché de cette mascarade qui entachait l’image du pays. Pourtant, aujourd’hui plus que jamais, ces reportages fictions semblent trouver tout leur sens.

C’est donc une dure épreuve qui s’annonce pour le nouveau gouvernement des Belges. Rapprocher les deux communautés et les amener à cohabiter à nouveau sera difficile. La solution semble se trouver quelque part dans un fédéralisme forcé, toujours préférable à une dislocation du royaume. Car si certains économistes ont évalué le coût d’une telle mesure et l’ont estimé tout à fait réalisable, on ne peut en réalité pas prévoir les conséquences politiques, géopolitiques et économiques qu’aurait un tel évènement sur l’Europe.

jeudi 6 décembre 2007

Les retombées de la crise des subprimes arrivent sur l'Europe.

Le 29 novembre, le ministère des finances annonce la faillite de plusieurs nouvelles villes. Hattfjelldal, Hemnes, Narvik et Rana sont à leur tour rattrapées par la crise des subprimes. Ces villes, comme leurs noms l’indiquent, sont situées pourtant à des milliers de kilomètres des Etats-Unis. Les retombées de l’explosion de la bulle immobilière sont arrivées jusqu’en Europe, en Norvège. Huit villes de ce pays avaient choisit d’investir avec Citigroup et sont aujourd’hui entraînées par la société qui fait face à d’importantes complications économiques.


Déjà, dans le nord européen, les autorités financières et politiques cherchent à trouver le coupable, le responsable. Que ce soit la compagnie américaine ou le courtier norvégien qui a conseillé ses produits aux villes victimes, on cherche à trouver quelqu’un qui puisse faire preuve de « responsabilité morale » pour reprendre les termes du courtier nordique, Terra Securities.

Alors que les autorités financières américaines tentent de trouver des solutions permettant de limiter l’impact de l’éclatement de la bulle immobilière, ses effets semblent se répandre de plus en plus loin. Il est en effet difficile de rééquilibrer ce marché et tous les investissements qui en dépendent de par le monde. Pour nombre de spécialistes, le seul moyen de réduire la crise est de diminuer les taux des crédits, fin novembre on parlait encore d’une réduction allant d’un quart à un demi point. Monsieur Bernanke, directeur de la FED, n’y voit qu’un moyen de reculer pour mieux sauter. En continuant de jouer sur les taux d’intérêts, l’incidence de la crise des subprimes s’étale sur la durée. Aujourd’hui, on peut difficilement évaluer le nombre de foyers américains qui vont devoir céder leur logement courant 2008. Ces logements, malgré l’incroyable baisse des prix, ne trouvent pas preneur. Il est encore plus complexe de se faire une idée sur l’impact que cette crise aura à moyen terme sur l’ensemble des marchés financiers. La faillite de ces villes norvégiennes pourrait bien être un premier exemple des retombées en Europe, mais sûrement pas le dernier.

L’un des leviers qui aura permis à de nombreux établissements financiers de garder la tête hors de l’eau aura été d’investir dans d’autres secteurs. En équilibrant la balance avec des valeurs et des plans d’investissements très rentables, on espère pouvoir payer les pertes engendrer par l’éclatement de la bulle immobilière américaine.

L’un des centres d’intérêts les plus plébiscités par les financiers du monde entier est la Chine. Tant est si bien que la bulle américaine à peine éclatée, on entend déjà parler de bulle chinoise. Les indicateurs de l’empire du milieu sont en pleine explosion. Dans certaines régions comme Shanghaï et Shenzen, le volume d’investissement a augmenté de 471% en deux ans. Déjà, des investisseurs commencent à bloquer des valeurs surévaluées, faisant gonfler cette nouvelle bulle.

Il semblerait que ce phénomène soit voué à perdurer. Après la bulle japonaise en 1989, la bulle du Sud-Est Asiatique en 1997, la bulle Internet en 2000, celle de l’immobilier américain en 2007, la bulle chinoise pourrait donc être la prochaine à mettre en danger l’équilibre économique mondial. Le problème vient du fait que les explosions de ces bulles semblent être de plus en plus dangereuses pour les populations. Là où les conséquences étaient principalement économique et financière et où les premières victimes étaient les bénéfices des entreprises, la crise des subprimes illustre pleinement l’impact catastrophique que peut avoir l’éclatement d’une bulle sur les petit propriétaires. Pour ces centaines de milliers de citoyens américains, la faillite individuelle est inévitable. Pas question pour eux de rééquilibrer la balance en réinvestissant dans un autre secteur. Les entreprises et les groupes d’investissements nationaux et internationaux, ce ne sera pas pour autant plus facile. Alors que se passerait-il si la bulle chinoise venait à exploser dans les prochaines années ? Les conséquences de la dernière crise américaine devraient perdurer sur au moins dix ans. Si les effets d’une chute des investissements en Chine venaient s’y ajouter, le monde se retrouverait face à une terrible crise économique. Le nombre d’entreprises ayant une partie de leur activité en Chine est en croissance permanente. Tous les groupes financiers sont en train d’y baser leurs stratégies pour les années à venir. L’accumulation des effondrements pourrait engendrer des effets « domino » à répétition qui bloqueraient la croissance économique générale pour de nombreuses années.

Malgré ça, il est impossible de prévoir quand une bulle de spéculation pourrait s’effondrer. Les investissements en Chine pourraient être le seul moyen de sauver la situation aux Etats-Unis. En théorie, la bulle pourrait se maintenir indéfiniment. Quand bien même elle s’écroulerait, les investisseurs devraient trouver d’autres moyens de lisser les pertes. L’Amérique du Sud pourrait offrir une porte de sortie intéressante.

Les constructions économiques modernes reposent sur un ensemble de mécanismes liés les uns aux autres qui pourraient s’effondrer à tout moment. Cependant, les groupes financiers, les marchés, les gouvernements, les économistes et tous les autres acteurs qui en guident le quotidien travaillent à créer des protections empêchant un effondrement total des marchés. Ainsi, les penseurs occidentaux aiment à penser qu’une crise comme celle de 1929 ne pourra pas se reproduire. Libre alors à chacun de considérer l’état de misère socio-économique des propriétaires américains soit ou non du même accabit.

En attendant, les mensualités des emprunteurs à taux variable de toute l’Europe montent en flèche.