lundi 7 avril 2008

Berlusconi trouve la solution à la précarité en Europe.

Ces derniers mois, l'Europe toute entière a été secouée par des manifestations, des cris de colères et des mouvements populaires d'une population unie sous une même bannière, une même lutte : la précarité progresse et les gouvernements ne proposent pas de solution pour y remédier. Ce combat est devenu celui de tous les Européens puisqu'il touche les pays aux économies les plus basses comme la Roumanie ou la Grèce et les plus fortes comme l'Allemagne ou la France.

Baisse du pouvoir d'achat, difficultés pour trouver un emploi, fermeture d'usines, précarité du travail pour les étudiants, accès à une première expérience, autonomie des retraités ou encore angoisses des fins de mois, toutes ces questions sont bien connues en France. Elles ont été au coeur des débats présidentiels en 2007, puis au coeur de toutes les discussions politiques depuis. Elles sont le flambeau brandit par l'opposition et la croix que porte le gouvernement. Pourtant, ce poids semble être aussi lourd pour les dirigeants nos voisins.

En Italie, la situation est la même. Le pays peine à réellement se relever depuis la deuxième guerre et l'on y retrouve des des problèmes bien compréhensibles des Français : ici une étudiante diplômée qui ne trouve pas un emploi convenable et enchaîne les « petits boulots », là une retraitée ne pouvant plus payer son loyer car sa retraite n'augmente pas aussi vite que la hausse des prix. Voilà qui rapproche grandement nos cultures.

Pourtant tout n'est pas perdu car Silvio Berlusconi a proposé une solution idéale à la télévision italienne, jeudi 3 avril. Une jeune femme l'interroge, prenant son cas pour exemple, sur la difficulté pour les classes les plus pauvres de construire un avenir. Peinant à vivre convenablement, elle ne voit pas comment elle pourrait élever voir même nourrir un enfant.

El Cavaliere de lui répondre : « En tant que chef de famille, le conseil que je vous donne est de trouver quelqu'un comme le fils de Berlusconi ou qui n'ait pas de problèmes (d'argent). Avec votre sourire vous pouvez vous le permettre » et d'ajouter « le mieux serait de vous trouver un millionnaire ». Des mots qui choquent l'opinion publique qui n'accepte pas le trait d'humour. Pour beaucoup d'Italiens, la farce de l'ancien président ne fait que montrer encore une fois le gouffre qui sépare les gouvernants des vrais soucis populaires.

Ce petit écart de conduite, s'il voulait sûrement servir la recherche d'une charmante atmosphère, soulève pourtant une question juste. Gouvernants et gouvernés vivent ils dans une même société ? Les Italiens grondent comme beaucoup de Français ont pu le faire depuis l'élection du président Sarkozy. Le train de vie qu'affichent certains politiciens est en effet l'illustration de ce décalage. L'un perd des points en portant des montres de luxe et en se reposant sur les navires des plus riches tandis que l'autre se rit du malheur des plus faibles, posant sur la table sa propre fortune. Le comique frise le pathétique.

Malgré tout, la solution du candidat italien n'est elle pas la meilleure ? Candidats puis élus, de gauche ou de droite, se succèdent à la direction des différents pays, proposant ou cherchant des solutions à nos problèmes de société. Insoluble la précarité des européens ? La boutade de Silvio Berlusconi reste finalement la meilleure chance de cette jeune italienne de résoudre ses soucis. Alors que le gouffre se creuse entre les plus aisés et les plus pauvres, il ne semble plus y avoir de moyen d'attraper l'ascenseur social dont la mécanique semble enrayée. A moins d'un coup de chance, d'un coup de foudre, l'horizon reste sombre pour ceux qui ne voient pas briller la lumière des gros billets.

jeudi 3 avril 2008

La flamme Olympique brûlera t'elle le Tibet ?

137 000 km à travers le monde. Voilà le parcours titanesque que doit parcourir la torche qui est sensée représenter l'esprit des jeux Olympiques. Cette flamme a une valeur symbolique importante pour le sport mondial, elle est l'image du dépassement, du courage, de l'ardeur de vaincre. Des valeurs qui sont également politiquement représentatives de nombreuses causes de par le monde.

Les Jeux Olympiques de 2008 soulèvent le débat sur de nombreuses barrières aux libertés individuelles entretenues par le gouvernement de Hu Jintao. Tout au long du mois de mars, le Tibet s'est embrasé, illustration concrète des dérives de la politique officielle du pays. Le monde a alors élevé la voix, outré par les souffrances de ce peuple.

Les sévices pratiqués par les autorités chinoises sur le peuple tibétain ne sont pourtant pas nouveaux. Cette protestation n'est pas la première, elle est d'ailleurs survenue à la date anniversaire de celle qui vit partir le Dalaï Lama en 1959. Les habitants de cette région indépendante de la République Populaire de Chine se sentent trahit par le gouvernement. La lutte tibétaine, symbolisée par l'action de Tenzin Gyatso, quatorzième Dalaï Lama, touche les Occidentaux de par leur foi en la paix et en la réconciliation.

Le Dalaï Lama ne réclame pas l'indépendance pour son peuple mais un respect et une tolérance pour la culture et la religion tibétaines. S'il y a eu quelques améliorations ces dernières années avec notamment la réouverture de certains monastères, la police reste dans l'ensemble fortement hostile à la religion. Les moines sont forcés d'apprendre les doctrines communistes aux enfants, au dépend du Bouddhisme Tibétain, considéré comme agonisant aujourd'hui.

Historiquement, le Tibet a toujours été sous la tutelle d'un pays plus vaste. Jusqu'au dix neuvième siècle, les Mongols, puis les Chinois, ont pratiqué une sorte d'accord de principe. Le Tibet est sous tutelle militaire en échange de la protection de sa culture et de sa religion. Le voisin puissant lui apprend des sages tibétains qui pénètrent fortement les valeurs morales de leurs protecteurs avec un Bouddhisme à la symbolique très forte.

C'est sur cette vérité historique que la Chine se base pour réclamer le toit du monde. L'argument est bon mais le protecteur est devenu envahisseur. Au lieu d'apprendre de la culture tibétaine, il tente de l'anéantir. Le Dalaï Lama souhaite que la République Démocratique de Chine prenne enfin ses responsabilités et remplisse son rôle. Le peuple pourtant se lasse petit à petit de la voix du milieu suivie par son leader spirituel. Devant les horreurs perpétrées par la Chine, les Tibétains sont de plus en plus nombreux à gronder. S'ils ne renieront jamais leur guide, ils se soulèveront cependant de plus en plus souvent afin de faire face à leur ennemi.

C'est ce qui s'est passé au début de ce mois de mars. Les soulèvements ont été violemment réprimés et l'on peut difficilement évaluer le nombre de victimes et de prisonniers qui ont été faits. L'absence de journalistes libres de faire leur travail n'a pas aidé la cause tibétaine. La presse internationale a une nouvelle fois accusé le gouvernement chinois. L'action de Reporters sans Frontières lors de la cérémonie de la flamme olympique le 22 mars était là pour le rappeler.

Ce que les médias expriment beaucoup moins souvent, ce sont les violences envers les Chinois Han qui ont eu lieues au Tibet. Des foules et des groupes de jeunes en colère ont parfois visé ces colons que le gouvernement a déposé là pour assimiler le Tibet par le sang. Si les Tibétains restent un peuple pacifique, ils ne sont pas à l'abri des débordements qu'entraîne l'oppression. Face à la violence, les plus jeunes générations sont souvent prises entre deux états d'esprit : certains adhèrent à l'idéologie officielle, forgés dans les écoles publiques tandis que les autres rêvent de prendre les armes et de défendre ce qu'il reste de leur histoire en l'honneur des victimes des soixante dernières années.

Le Dalaï Lama a du entendre ces cris de détresse et il convient de se demander si une solution sera trouvée. Face à l'absence de communication du gouvernement qui l'assimile à un chef séparatiste et à la perte de patience de son peuple, le Dalaï Lama doit profiter lui aussi de ces Jeux pour faire pression sur Hu Jintao. Ces derniers jours, la communauté internationale a répondu aux appels du chef spirituel tibétain. La France, les Etats Unis, l'Union Européenne dans son ensemble, tous ont demandé aux dirigeants chinois d'accepter de discuter avec le gouvernement tibétain en exil.

Jusqu'à maintenant, les autorités n'ont pas répondu à cet appel. Ce mercredi 2 avril, la flamme olympique a commencé son périple. La situation au Tibet s'est calmée mais il se pourrait que les religieux safrans saisissent cette occasion pour tenter une dernière fois de se libérer de leurs chaînes. Les Eglises bouddhistes asiatiques semblent être une force symbolique contre les dictatures. Il se pourrait que le passage de la torche olympique sur l'Everest mette le feu au Tibet d'une flamme du même rouge safran que celle qui a déjà brûlé en Birmanie.