« Accueil | EDF-GDF, un conflit qui s’enlise » | Fabrice Burgaud reçoit un blâme pour maladresses d... » | Obama interdit la torture à la CIA » | Les ventes d’armes explosent pour l’anniversaire d... » | Heuliez en redressement judiciaire » | Prisons françaises : évasion par pendaison » | Les incroyables pouvoirs du clonage » | L’OTAN sans frontières » | Les chiens gentils mordent aussi » | Sarkozy ne les sauvera pas tous »

La police intervient pour deux enfants voleurs de vélos

L’opinion publique est scandalisée par l’interpellation de deux enfants mardi 18 mai. Dans leur école de Floirac en Gironde, les deux petits âgés de 6 et 10 ans ont été arrêtés vers 16 heures 30 par deux équipes de policiers totalisant six agents. La mère d’autres élèves prétendait les avoir vu sur des vélos volés. Les deux garçons passeront deux heures au poste avant que leur mère ne puisse les ramener. Les vélos étaient apparemment bien les leurs.

C’est un véritable scandale qui a déjà fait couler beaucoup d’encre. Les syndicats d’enseignants remarquent l’escalade des mesures policières qui peuvent être manifestées dans l’enceinte de l’école. Les politiques des différents partis dénoncent ce déploiement de force comme une véritable bavure. Les parents s’interrogent sur la légitimité et les conséquences d’une telle mesure.

Aïcha Ouachim relève la violence de la scène qu’ont vécue ses deux enfants. Le plus petit serrait choqué et n’oserait plus retourner à l’école. Vendredi, la ministre de l’Intérieur, Michelle Alliot-Marie l’a rejointe en estimant que l’on ne pouvait pas traiter des enfants comme des adultes.

Selon la hiérarchie des policiers étant intervenus, la procédure a bien été respectée. Les agents ont agi avec discernement et mesure en restant à l’écart et en attendant que les enfants ne soient pas trop exposés aux regards de leurs camarades. Il n’y a donc pas de bavure.

Du côté des textes de loi, la réponse n’est pas évidente. Normalement, des enfants de moins de 10 ans ne peuvent pas être interpellés et des jeunes de 10 à 13 ans ne peuvent être arrêtés qu’à titre exceptionnel pour une durée maximale de douze heures et avec l’accord préalable d’un magistrat spécialisé. Il existe cependant nombre circulaires et ordonnances complétant cette loi et offrant des subtilités qui justifient cette intervention.

La police ne sait plus comment gérer les mineurs

Cette arrestation a lieu dans une période pourtant riche en drames survenus dans l’enceinte scolaire. Quelques jours plus tôt, une enseignante était poignardée en classe par un élève de 13 ans. Le nombre d’agressions et l’augmentation de la violence dans le monde éducatif n’est pas négligeable. Les policiers doivent arriver à discerner si l’enfant contrevenant est un bambin responsable d’une bêtise que l’on peut gentiment rappeler à l’ordre devant ses parents ou un jeune délinquant en déperdition.

L’incident reste cependant maladroit dans une ville de banlieue calme qui ne semble pas être le théâtre d’importants problèmes de jeunesse. L’erreur est d’autant plus déplorable que les deux enfants sont visiblement innocents et se retrouvent donc être les double-victimes de la dénonciation hâtive d’une mère et de l’intervention de la police.

Les réactions du public montrent enfin que le plan de sécurité que Xavier Darcos souhaite mettre en place dans les écoles ne convient pas aux Français. Le ministre de l’Education Nationale proposait en effet cette semaine d’installer des portiques de sécurité à l’entrée des écoles et d’organiser une force mobile de police spécialisée. La recherche d’une « école sanctuaire » devra se faire par d’autres moyens et M. Darcos va devoir chercher d’autres solutions.

Illustration : Françoise Bessières