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Obama interdit la torture à la CIA

Barack Obama veut que les méthodes des militaires et des services de renseignement des Etats-Unis deviennent plus propre. Après Guantanamo, le nouveau président s’attaque aux pratiques de la CIA qui a pris des libertés sous le gouvernement Bush en ce qui concerne la pratique de violences sur des prisonniers.

Publier quatre mémorandums impliquant directement des responsables de la CIA dans des affaires de torture n’a pas été une décision évidente pour le président Obama. Après concertation avec le reste de son équipe, les documents décrivant les méthodes d’interrogatoire du contre espionnage américain ont cependant été rendues publiques.

Les techniques utilisées frôlent les limites de la légalité. Les services de la CIA n’ont pas infligé de blessures physiques aux prisonniers et se sont principalement servis des peurs et des limites psychologiques humaines. Les individus soupçonnés d’activités terroristes ont ainsi subit des confinements, des privations de sommeil et de nourriture, des gifles ou un enfermement avec des insectes pour ceux dont c’était une phobie. La technique la plus sujette à polémique est celle du waterboarding qui consiste en des simulacres de noyade particulièrement éprouvants. Certains prisonniers comme Khaled cheikh Mohammed et Abou Zoubeida l’ont subit plusieurs dizaines de fois.

Barack Obama souhaite que les agents ne soient pas inquiétés pour ces actions. Ce sont les responsables qui devront assumer ces actes. Après avoir initialement proposé qu’il n’y ait pas de poursuites, simplement un aveu de la vérité, le président américain a laissé entendre mardi que la justice serait libre d’entamer une procédure.

Présent lundi à Langley, Virginie, au siège de la CIA, Barack Obama a été applaudit par les agents. Le Bureau dans son ensemble accueille cette nouvelle avec sérénité même si plusieurs cadres ont manifesté leur inquiétude quand aux conséquences de cette décision. Léon Panetta, nouveau directeur du service, a manifesté ses réserves au président.

Une décision qui met en danger la sécurité nationale

C’est Dick Cheney qui a pris la tête des contestataires. Si la tradition veut que l’équipe gouvernementale sortante évite d’entrer dans les débats avec la nouvelle administration, l’ancien vice-président a cependant décidé d’assumer pleinement ses décisions et continue d’assurer sa confiance en ces méthodes. Selon lui, les techniques utilisées par la CIA ont permis d’obtenir de bons résultats.

Décrire en public leur fonctionnement et mettre fin à ces pratiques est pour lui et pour de nombreux américains conservateurs un avantage offert aux terroristes qui sauront ainsi à quoi s’attendre en cas de capture. Tout comme une partie de la CIA, il craint que l’abandon de ces techniques d’interrogatoire ne rende particulièrement difficile l’obtention d’informations. Il y voit un risque pour la sécurité nationale.

Une partie des forces américaines s’inquiète de cette nouvelle difficulté. Alors que les règles d’engagement des soldats sont plus contraignantes que jamais, l’assouplissement des interrogatoires risque de rendre impossible l’obtention de renseignements et d’informations sur le terrain. Certains comme l’ancien quartier maître de première classe des NAVY SEALs estime que le discours et les choix des politiques est en décalage avec la réalité du terrain qui ne permettrait que rarement d’appliquer toutes les composantes du droit international et augmente le danger pour les soldats.

Les responsables de l’ancienne administration n’assument pourtant pas pleinement leurs décisions. Les interrogatoires sont normalement toujours filmés. Pourtant, 92 des films ont été détruits au cours de l’année 2005, laissant planer un doute sur ce qui avait pu être enregistré.


Illustration : Françoise Bessières
Extraits de documents : American Justice Department