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Omar el-Bachir entend démontrer l’impuissance de la Cour Pénale Internationale

La Cour Pénale Internationale a lancé le mandat d’arrêt pour crimes de guerre et crime contre l’humanité contre Omar el-Bachir le 4 mars 2009. Le tribunal de La Haye l’a jugé responsable des exactions perpétrées par les milices gouvernementales dans la région du Darfour, plongée dans la guerre civile. Depuis la publication de cet arrêt, Omar el-Bachir veut prouver que la CPI n’a aucun pouvoir et qu’il est toujours libre d’exercer son plein pouvoir de chef d’état.

Depuis le début du mois, le chef d’état condamné a multiplié les actes provocateurs visant à montrer sa liberté d’action. Après un premier voyage peu risqué en Erythrée, il a effectué deux cours séjours en Egypte et en Libye afin de préparer le sommet de Doha. A chacune de ces visites, Omar el-Bachir a tenu à montrer qu’il ne se sentait pas inquiété par ce mandat d’arrêt international et il a appelé les autres Etats à le soutenir.

Il aura obtenu ce soutien au 21ème sommet de la Ligue arabe à Doha. Il réclame à ces homologues de manifester leur désaccord avec les déclarations de La Haye. Lundi 30 mars, la Ligue arabe rejette officiellement le mandat et déclare qu’Omar el-Bachir ne sera pas poursuivi.

Omar el-Bachir a organisé cette véritable campagne de communication afin de se construire un véritable réseau d’alliés. Si à un moment la justice internationale l’a inquiété, il a mis en place une protection qui devrait lui éviter de se faire poursuivre pour l’instant. La Cour Pénale Internationale doit compter sur la collaboration des Etats pour pouvoir appliquer les sanctions. Il est important de noter que la majorité des pays musulmans n’ont jamais reconnu son autorité.

Omar el-Bachir devient un symbole de l’anti-occidentalisme

Ses soutiens majeurs lors de ce sommet de Doha ont été Mouammar Kadhafi en Libye et Bachar el-Assad en Syrie. L’un et l’autre ont trouvé en ce nouveau scandale un moyen de trouver un soutien dans leur opposition à l’Occident. Le leadeur libyen, en conflit presque permanent avec les Etats-Unis et l’Europe, malgré quelques rapprochements, cherche ainsi à regrouper le reste des pays arabes et à isoler ceux qui sont trop proches de l’ouest.

Le président syrien a littéralement récupéré le cas el-Bachir pour sa propre cause. Il dénonce lors du sommet un complot occidental qu’il compare aux origines du problème palestinien. La diplomatie des pays arabes est ainsi marquée par un échange de bons procédés flagrant entre les différents chefs d’états confrontés à une forte opposition en occident. En se soutenant les uns les autres, ils deviennent plus forts.

Omar el-Bachir a enfin trouvé un nouveau soutien en la personne d’Hugo Chavez qui a condamné le mandat de la CPI et a dénoncé les « horreurs que l’on fait subir aux pays du tiers-monde ». Dans sa déclaration, le président vénézuélien rapproche également les autorités américaines, israéliennes et occidentales en général. Le fait que les Etats-Unis n’aient pas ratifié l’arrêté de la Cour Pénale Internationale ne semble pas changer la donne.

Aucun soutien pour la CPI

L’un des espoirs de la Cour Pénale Internationale aurait été une action ou au moins une prise de position de la part du secrétaire général de l’ONU. Ban Ki-moon se retrouvait en effet en face de Omar el-Bachir pour la première fois depuis cette condamnation. Ce dernier l’aura interpellé violemment en lui reprochant l’affront qui lui est fait par le tribunal de La Haye. Ban Ki-moon n’a pas pris part sur ce point mais a dénoncé l’expulsion des 13 ONG chassées du Darfour comme réponse du président au mandat le visant.

Selon un diplomate de l’ONU cité par Le Figaro, le secrétaire général ne pouvait pas prendre position sur ce débat du fait de la présence du Soudan aux Nations Unies. Il ne peut ainsi soutenir une condamnation prononcée par un organisme indépendant dont la majorité des pays arabes sont absents et que plusieurs grands pays comme les Etats-Unis, la Russie ou la Chine ne font pas partie. Il ne faudrait pas que les pays arabes se braquent et quittent l’organisation internationale, aggravant ainsi les difficultés entre l’Occident et la Ligue arabe.

La crédibilité de la Cour Pénale Internationale est mise en cause. Si des soutiens forts ne se manifestent pas, Omar el-Bachir pourrait pousser son avantage et achever de se rire de cette organisation. Un voyage au Vénézuela serait problématique, ce pays ayant signé la charte du tribunal de La Haye. Hugo Chavez pourrait cependant accepter une visite du président soudanais afin de manifester sa propre indépendance. Ce serait un moyen de rapprocher les opposants de l’Occident que comptent l’Amérique du Sud et le monde arabe en se servant de ce conflit comme motif.
Illustration : Françoise Bessières