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Mayotte restera française

Ils ont dit oui dans au référendum du dimanche 29 mars. Les Mahorais, interrogés sur leur souhait de devenir le 101ème département ont encore une fois opté pour l’appartenance à la France. Une grande victoire pour les politiciens de l’île, en majorité favorable à cette réforme. Mayotte deviendra le cinquième département d’outre mer en 2011.

Pour les habitants, c’est une reconnaissance et la chance de pouvoir bientôt accéder aux même avantages et protections que les habitants de la métropole. Malgré un taux d’abstention de 41%, la population mahoraise a toujours souhaité maintenir son appartenance à la France. Déjà interrogés en 2000, ils avaient été 73% à choisir de devenir une collectivité d’outre-mer.

L’île va avoir deux ans pour adapter son fonctionnement et sa culture et se rapprocher du fonctionnement de la France. L’administration va ressembler à celle de la France. Si un préfet est déjà nommé, la région aura maintenant de véritables pouvoirs et sera en charge notamment de gérer le système scolaire. L’amélioration de l’apprentissage de la langue est l’un des enjeux principaux. Ce nouveau statut marquera également une amélioration importante pour les femmes. Actuellement, l’âge légal de mariage pour les jeunes filles est de quinze ans et la polygamie est autorisée. La justice sera également réformée, en particulier dans les villages où les cadis, des juges musulmans appliquant le droit comorien, se verront réaffectés à un rôle de médiation sociale.

Les politiciens de l’île ont toujours souhaité que Mayotte soit ainsi reconnue. Ils y voient la possibilité de sortir l’île de son marasme et de développer son économie.

Une île en difficulté

La situation économique de Mayotte est en effet dramatique. Forte de près de 190 000 habitants, dont 50 à 60 000 en situation illégale, l’île est une véritable plaque tournante de l’immigration clandestine. 22% des Mahorais sont au chômage. Pourtant, le taux de croissance de 9% est important. Ainsi, si les indicateurs sont proches de ceux des autres départements d’outre mer, Mayotte bénéficie d’un fort potentiel.

Actuellement, le tourisme est très peu développé. Le sol, très fertile et riche en minéraux, favorise les cultures. Les secteurs développés sont ceux de la banane, de l’orange, du manioc, de l’ylang-ylang, de la vanille et du girofle.

L’île souffre également de l’arrivée permanente de nombreux Comoriens qui viennent en espérant trouver du travail ou des moyens de se soigner. L’appartenance de Mayotte à la France n’est pas reconnu par l’archipel ni par l’ONU même si ce sujet n’est plus à l’ordre du jour aux Nations Unies. Pour la communauté internationale, ce territoire aurait du retrouver son indépendance lorsque les colonies ont été libérées. Les habitants avaient cependant choisi à ce moment de rester sous contrôle français.

Les Mahorais ont toujours vu en la métropole un partenaire leur permettant de prospérer. Les moyens mis en œuvre pour soutenir l’île, notamment en termes de sécurité et de santé, créent un véritable gouffre avec les iles voisines.

L’Eldorado mahorais

Si l’île était déjà attirante pour les voisins, elle va le devenir encore plus. Le nouveau statut de département d’outre-mer va offrir de nouvelles opportunités aux habitants. Les aides sociales, même si elles seront réduites afin, selon le gouvernement, de ne pas déstabiliser l’économie de l’île, doivent permettre d’améliorer le quotidien. Mayotte pourra également bénéficier des aides au développement régional qu’offre la communauté européenne.

Le droit à la nationalité par le sol devrait d’ailleurs être adapté afin d’éviter les flux d’immigrations originaires du reste des Comores. Les droits de douane et la justice seront actualisés et renforcés pour améliorer le contrôle de la population.

La France entend montrer avec ce référendum sa légitimité sur le sol de Mayotte. Si les Comores et l’ONU n’ont pas encore reconnu ce scrutin, Paris estime que le peuple a choisit. Ce territoire qui offre un point stratégique entre l’océan Indien et le continent africain ne devrait plus être sujet à polémique.



Illustration : Françoise Bessières