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Obama s’exprime franchement face à Israël

Le président américain s’est officiellement déclaré pour la création d’un Etat palestinien et pour l’arrêt de l’expansion des colonies israéliennes. Une position qui a surpris le monde entier tellement il est rare qu’un dirigeant des Etats-Unis ne s’oppose officiellement à son allié de très longue date.

L’année 2009 s’est déjà caractérisée par de nombreux coups durs pour une éventuelle paix entre Israéliens et Palestiniens. L’opération Plomb Durci du mois de janvier a ajouté à la souffrance déjà importante des civils un poids supplémentaire sans pour autant détruire le Hamas. Nombreux sont les observateurs à se demander si ces attaques, souvent perçues comme injuste et démesurées, n’ont pas augmenté le soutien du peuple à ce groupe terroriste.

L’élection d’un gouvernement dur par les Israéliens montre que cette lutte extrémise également le peuple juif. Tout le monde craint son voisin sans pour autant souhaiter la guerre, qui n’est recherchée que par quelques minorités violentes.

Israël a toujours été géographiquement isolé au milieu de pays majoritairement hostiles et a toujours protégé son territoire en usant habilement de son armée plus que de diplomatie. C’est de cette manière que l’Egypte et la Jordanie ont été neutralisées et que la Syrie a été en partie maîtrisée. Ce dernier pays et l’Iran sont cependant restés dangereux du fait de leur soutien plus ou moins officiel au Hezbollah et au Hamas.

Les Etats-Unis et Israël sont des alliés de longue date. Le géant américain a souvent choisit de taire ses oppositions en public afin de préserver la situation déjà compliquée du petit Etat juif. Désapprouver la politique du gouvernement israélien pourrait être la porte ouverte aux interprétations de ses ennemis qui y verraient un signe de désaveu.

Barack Obama a pourtant choisit d’exprimer deux idées officiellement, deux idées qui sont en opposition avec les dernières décisions de Benyamin Netanyahou. S’agit-il là d’une franche contradiction ou d’un abandon de son allié ? Certainement pas. Le nouveau président américain souhaite seulement pousser son partenaire à essayer de nouveaux outils pour détendre l’atmosphère dans la région.

La planification de la création d’un Etat palestinien et l’arrêt de la colonisation seraient deux signes forts. Ils s’adresseraient d’une part aux pays arabes modérés qui s’opposent actuellement à Israël mais qui souhaitent trouver une solution. Cela isolerait les pays les plus agressifs. Ce serait également un geste pour la population, notamment celle de la bande de Gaza.

Les Gazaouis risquent d’être difficiles à gagner à la cause d’Israël. S’il est évident qu’ils souhaitent la paix plus que tout et aspirent à vivre enfin leurs vies, l’accumulation des souffrances et des rancunes ne disparaitra pas du jour au lendemain. La décision du président américain n’est cependant pas sans rappeler les objectifs des dernières opérations israéliennes : gagner le cœur des habitants et les pousser à se détourner du Hamas. Est-il moins judicieux de poursuivre ce but par une politique diplomatique plutôt que par des méthodes agressives ?

Obama semble vouloir tenter le coup. Cela ne sera cependant pas facile. Convaincre l’actuel chef du gouvernement israélien ne sera pas une mince affaire. Si tant est que celui-ci acceptait, ce ne serait pas la première fois qu’Israël accepte d’endiguer les colonies. Nous risquerions de voir de nouvelles interventions de l’armée se confrontant aux ultra-orthodoxes.

La région restera quoi qu’il arrive une poudrière pour un long moment. L’avenir proche nous dira cependant si Netanyahou accepte d’essayer la politique de main tendue qu’Obama souhaite le voir essayer.

Illustration : Françoise Bessières