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Etats Unis 2008 : une notion de démocratie à l’africaine.

Les Etats Unis d’Amérique ont souvent été vus comme la nation protectrice de la notion de démocratie. George Bush, l’actuel président, a d’ailleurs utilisé cette image comme leitmotiv afin de soutenir ses manœuvres en politique étrangère, à l’intention de l’Irak, de l’Afghanistan, du Pakistan, de la Corée du Sud et de bien d’autres. Pourtant, l’exemple des descendants de George Washington est il si loin de celui des derniers de la classe, ces pays si lointains que sont les jeunes démocraties africaines ?

L’Afrique, suite à l’indépendance de ses différents Etats, a subit une longue période de transformation. Longtemps pilotes de ces changements, les pays occidentaux ont essayé de modeler leurs anciennes colonies sur leur propre modèle. La démocratie devait être la solution. Souvent, sous couvert de conflits ethniques, ce mode de gouvernement a peiné à trouver ses marques. Que ce soit en Côte d’Ivoire où les politiciens ont longtemps hésité devant la notion de pluralisme, au Congo où les « perdants » ne savent pas se positionner en opposants ou au Nigeria où les dirigeants se sont servis du scrutin universel pour justifier l’application de la charia. Certains analystes estiment que cette difficulté à adopter le processus démocratique et ses valeurs découle de l’histoire et de la culture africaines, qui ont souvent utilisé le clan voir l’ethnie comme institution décisionnelle. Il peut être difficile d’opter pour ces choix que son le pluralisme politique, l’opposition ou le respect du droit à la décision des citoyens sans être passé par les étapes historiques qui ont fait que ces notions sont devenues la norme dans nos pays.

Pourtant, l’élection américaine est le moment idéal pour se demander si nous sommes effectivement beaucoup plus avancé que nos voisins africains quand à l’application de la démocratie. Les électeurs de l’Occident, que ce soit aux Etats Unis ou en Europe, optent de plus en plus pour un candidat ou un autre en se basant sur leur identité, leur caractère, plutôt que sur leur programme politique. Ainsi, depuis plusieurs mois, Obama et McCain s’opposent sur le terrain de l’image plus souvent que sur celui des idées. Il est parfois même utile de se demander jusqu’où peuvent aller les différences entre ces deux personnages lorsque le premier évite les sujets qui pourraient fâcher son électorat en évitant de trop se prononcer sur certaines questions comme l’avortement ou les armes à feu. Quand à McCain, que dire de ce candidat que tous s’accordent à définir comme le plus démocrate des Républicains ? Alors le débat se maintient sur des questions plus terre à terre : la couleur de peau du président est elle un symbole d’ouverture dans l’esprit d’une nation ? le candidat d’un parti doit il assumer les échecs de son prédécesseur ? le prénom d’un président a-t-il une signification en politique étrangère ?

Les campagnes touchent à leur fin. Outre le débat politique et idéologique qui a souvent été biaisé, c’est toute l’intégrité morale, des républicains au moins, qui peut soulever des questions. Plus l’échéance approche et plus ils sont nombreux à fuir les rangs pour rallier Obama. Les modérés comme Colin Powel qui fût l’un des acteurs majeurs de l’invasion de l’Irak. Les puristes comme Kenneth Adelman qui est un proche de Donald Rumsfield. C’est aussi ca l’ « ouverture », celle qui a si bien réussit au gouvernement français. Mais ne s’agit il pas plutôt d’un opportunisme des plus pragmatiques ?

Ainsi certains sénateurs républicains comme Gordon Smith dans l’Oregon ou Christopher Shays dans le Connecticut, qui surfent sur l’Obamania pour attirer les électeurs ne sont pas sans rappeler ces vaincus électoraux ivoiriens qui rejoignaient le parti au pouvoir plutôt que de risquer de ne pas faire partie des élus. Chacun d’entre eux a ses propres arguments. Certains sont déçus par la campagne chaotique de McCain, d’autres par le choix de Sarah Palin comme co-listière. Le bilan Bush junior n’a pas non plus aidé les Républicains à maintenir une identité politique forte. Mais que doit-on voir dans tous ces éléments qui quittent le navire ? Est-il en train de couler ?