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Espagne : une nouvelle victime de l'ETA renverse l'échiquier électoral.

Les élections législatives espagnoles sont entachées par la douleur et la terreur. Vendredi sept mars, un homme abat Isaias Carrasco de trois balles dans la nuque. L'ancien élu socialiste du pays basque espagnol rejoint ainsi la longue liste des victimes de l'ETA. Ce drame a rappelé à tous les habitants du pays les dernières élections de 2004, qui avaient également été entachées par la mort suite aux attentats du 11 mars. Le fanatisme des ultra nationalismes vient donc noircir une campagne qui était alors orientée sur les libertés individuelles et l'ouverture d'esprit des politiciens de gauche.

Les débats qui ont commencé il y a maintenant plus de deux mois, ont fermement opposé José Luis Rodriguez Zapatero, candidat du parti socialiste espagnol (PSOE) à Mariano Rajoy, le conservateur du parti populaire (PP). Jusque là, l'actuel président mène de quatre points selon El Pais, sans que cela soit suffisant pour lui accorder une réelle assurance politique. Ce partage des opinions est représentatif du positionnement moral de la population. D'un côté, les électeurs les plus jeunes et les plus ouverts qui ont apprécié les mesures révolutionnaires et résolument modernes de M. Zapatero concernant les droits de la femme, le mariage homo-sexuel ou encore l'IVG. Le leader de gauche a su conquérir les espagnols en tournant l'Espagne vers l'avenir et en s'éloignant d'une politique conservatrice. Le Parti Populaire joue sur l'autre front et s'oppose justement à ce modernisme à outrance qui bafoue selon eux les lois de la république.

Les petits partis ont perdu en poids dans ces élections, notamment à cause de la campagne coûteuse menée par les deux principaux candidats. Cette campagne, digne des shows à l'américaine, a été mal perçue par les électeurs qui y voient un énorme gâchis d'argent, de temps et d'énergie. Pour assurer la victoire, les deux partis majoritaires vont donc appliquer les méthodes de la politique moderne et réfléchir à des alliances.

L'Eglise Catholique s'est manifestée ces derniers jours en s'opposant aux socialistes. Le Parti Populaire trouve là une chance de gagner un électorat qui reste important. En 2005, des dizaines de milliers de manifestants avaient accompagnée les religieux dans les rues de la capitale afin de manifester leur opposition au mariage homo-sexuel. L'alliance entre les croyants et les conservateurs semble donc couler de source.

Zapatero lui s'est rabattu sur les nationalistes en rencontrant Artur Mas et Juan José Ibarretxe de Convergence et Union et du Parti Nationaliste Basque. Des nationalistes. Une prise de risque certaine dans ce pays où le terrorisme ultra nationaliste pèse lourd sur la conscience collective. Le meurtre de M. Carrasco risque de venir assombrir cette alliance potentielle. Le président actuel ne peut en effet raisonnablement pas continuer de discuter avec les nationalistes au risque de perdre de nombreux électeurs.

A un autre moment, cet assassinat aurait pu passer pour un simple fait divers. Sur l'échiquier législatif de la campagne, il devient un point fondamental de ces élections. Le risque terroriste va repasser en tête des préoccupations nationales, devant la crise immobilière, devant les problèmes d'immigration et devant l'opposition entre générations. L'écart entre les deux partis majeurs risque de se resserrer et M. Zapatero va devoir creuser de nouvelles pistes afin d'obtenir des soutiens moins risqués sur le plan symbolique.